Villers-Outréaux... un village presque comme les autres

Le XIXe siècle (1826 - 1884)

 

1826 : Un orage violent accompagné d'une très forte grèle ravage entrièrement le village et détruit la majeure partie des récoltes.

1829 : le 3 janvier, un incendie se manifeste vers 22 h dans la filature de coton du sieur Jean Baptiste Ducamp à Villers. Il consume une partie des batiments ainsi que les métiers et marchandises qui s'y trouve.

1831 : 100 hommes de l'armée du Nord sont cantonnés à Villers du 14 avril au 6 août 1831.

1838 : incendie dans le voisinage du presbytère, 5 maisons sont détruites, une quète est faite pour les victimes.

1839 : "le 15 juin vers 4 h du matin, un violent orage monte, bientôt une obscurité profonde, une violente tempête, une trombe d'un km de largeur. Elle lançait sur son passage un déluge de grélons atteingnant jusqu'à la grosseur d'un oeuf de poule. Tout fut détruit dans la portion du territoire balayée par la trombe... en moins de 6 minutes que sévit le fléau, la grèle avait écrasé toutes les toitures sauf les portions tournées vers le Nord, qui souffrit un peu moins. le toit de l'église en partie détruit".

1840 : un hiver très rigoureux.

1848 : "Dans la journée du 19 mai une émeute a eu lieu dans la commune de Villers-Outreaux, qui compta près de trois mille habitants. Les turbulents ont frappé une contribution en pain et en argent sur les propriétaires qu'ils signalaient comme ne donnant pas ou donnant trop peu aux pauvres de la commune. La justice, informée de ces faits, s'est transportée, le 22 sur les lieux avec la gendarmerie et 50 cuirassiers, et à la suite d'une enquête sept des principaux moteurs, parmi lesquels se trouvent deux femmes, ont été arrêtés et conduits dans la maison d'arrêt de Cambrai. L'ordre est rétabli, et le calme règne dans la commune de Villers-Outréaux". Article du journal "Le Constitutionnel" du 28 mai 1848.

1849 : une épidémie de cholera fait de nombreuses victimes. Elle est dûe en partie aux maisons insalubres... vaincue par un heureux emploi du soufre.

1856 : on apprend la mort pendant la guerre de Crimée de 6 jeunes gens faisant partie de l'armée d'Orient, originaires de Villers :
- Henri Célestin Guégain, fusilier, mort à Gulhané (près d'Istanbul) le 5 février 1855 d'une diarrhée chronique (p70)
- Eugène Philippe Falour, voltigeur, mort à Sébastopol le 9 mai 1855 d'un éclat de bombe (p73)
- Edouard Joseph Casez, fusilier, mort le 5 décembre 1854 d'une diarrhée spécifique (p76)
- Théodore Louis Desenne, fusilier, mort à Sébastopol le 4 juillet 1855 de la fièvre typhoïde (p126)
- François Constant Monclair, fusilier, mort le 8 janvier 1856 à Sébastopol de la dysentrie (p133)
- Auguste Célestin Daux, fusilier, mort à Constantinople le 10 janvier 1856 du scorbut diarrhée et d'une bronchite chronique (p135)
Source
La guerre de Crimée a été terrible : les Alliés ont perdu plus de 120 000 hommes, dont 90 000 Français, et les Russes plus de 150 000 hommes. Les trois-quarts des morts sont causés par les maladies.


Extrait du Panorama du Siège de Sébastopol réalisé en 1904 par Franz Roubaud.

1859 : 24 juin, un soldat de Villers est tué à Solférino dans la Campagne d'Italie contre les autrichiens.

1866 : Grande mortalité à Villers : 53 enterrements entre le 1er janvier et le 8 avril.

1868 : Grande misère à Villers par suite de la crise commerciale et la cherté des vivres.

1870 : Construction de la sucrerie, création d'une société anonyme de 300 000 Frs.


La sucrerie "la fabrique"

Une misère affreuse règne sur Villers par suite de la guerre. Les journaux de Cambrai ouvrent une souscription en faveur des habitants de Villers. Voici une lettre du Sous-préfet au rédacteur en chef de "l'émancipateur" journal du cambrésis. Le 5 décembre 1870, Monsieur le rédacteur en chef, La geurre fatalement entreprise par l'ex-empereur, produit dans notre arrondissement des résultats lamentables, la misère sur certains point y est à son comble, c'est ainsi qu'à Villers Outréaux, 2 000 habitants sur 3 000 sont réduits à la mendicité et ceux de leurs concitoyens qui ont pu jusqu'à ce jour leur venir en aide, se déclarent aux même vaincus ; ils sont à bout de ressource. Malgré toutes les charges, qui pèsent sur nous tous, en ce moment critique, nous ne laisserons pas une commune de notre arrondissement s'abîmer dans la misère. La fraternité n'est plus un vain mot, c'est en la pratiquant à une large échelle, que nous tiendrons unis tous les concitoyens et que nous ampêcherons de nouveaux maux de tomber sur notre patrie. J'ai l'honneur, Monsieur le rédacteur en chef, de vous prier d'ouvrir une souscription dans les bureaux de votre journal en faveur des familles pauvres de Villers-Outréaux, certain que vous voudrez bien me prêter votre bienveillant concours. Le montant de cette souscription serait remis à M. le Maire de Villers-Outréaux et distribué par un comité local, institué à cet effet. Je ne fais pas seulement appel aux riches, qui bientôt ne le seront plus, mais aussi aux personnes aisées, qui apporteront certainement leur obole à ceux qui souffrent. Michelet disait un jour au collège de France, au faubourg Saint Jacques, ceux qui n'ont rien, trouvent le moyen de donner. Rien n'est plus vrai, mais cette immense charité n'est point particulière à un faubourg de Paris. En France, les gueux s'aident entre eux et la guerre à la misère sera aussi acharnée que la guerre aux Prussiens. Agréez...

Le rédacteur du journal ajoute : Nous sommes toujours heureux de prêter notre concours dévoué à toutes les causes intéressantes. Le malheur qui frappe la commune de Villers Outréaux et qui menacce également d'autres communes de notre arrondissement industriel est certainement digne de nos sympathies. Nous ouvrons bien volontiers la souscription que nous demande M. le sous-préfet et nous faisons appel à la charité de tous nos lecteurs. Bien que les temps soient difficiles pour tous, bien que la plupart d'entre nous aient déjà fait le sacrifice de tout leur superflu, nous devons donner encore, et pour cela, prendre sur le nécessaire. N'oublions pas que la charité est un des moyens les plus puissants pour obtenir la clémence de Dieu.

Nous ne connaissons pas le résultat de cette souscription...

 

Vers la fin de l'année 1870, 300 saxons avec artillerie et cavalerie stationnent à Villers, leur passage ne dure guère mais produit une douloureuse impression. Il semble qu'on n'eut pas trop à se plaindre de ce premier passage.

1871 : le 1er janvier : les saxons cernent complètement Villers, nul ne peut y entrer ou en sortir. C'est le 10 janvier 1871 sur les hauteurs de St Quentin que le général Faidherbe en marche dans la direction de Paris, se heurte à l'armée prussienne et après une action acharnée doit battre en retraite vers Le Cateau et Cambrai. C'est alors le passage de pauvres soldats français que les habitants en grand nombre s'empressèrent de soulager et cela durant la nuit et la journée... puis l'arrivée des prussiens, qui poursuivaient les français du côté de Cambrai...

Le 22 janvier, une fille d'une douzaine d'années est tuée, à la suite d'une décharge de quelques soldats prussiens qui agirent de la sorte selon leur discipline militaire, qui défendaient les rassemblements de plus de 3 personnes et peut être par exaspération contre un groupe d'enfants qui les suivaient en criant "Kapout" qu'ils ne comprenaient guère d'ailleurs.


Fantassin français


Soldat prussien


Général Faidherbe par Marie-Madeleine Rignot-Dubaux

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1871 : 20 juillet, 14 maisons d'une même rue sont brûlées lors d'un violent orage, elles sont reconstruites. La rue s'appellait "rue neuve" dès 1811, elle le sera donc de nouveau en 1871, puis en 1918 (voir ci-dessous).

1871 : 3 novembre, la peste bovine menace de prendre de nouveaux développements dans le Nord. On signale l'épizootie à Landrecies, Bousies, Fontaine, Boursies, Viesly et Villers-Outreau. La maladie règne également à Esquerchin, Estreux, Maing, Rosult, etc.
Elle continue ses ravages dans 4 communes de l'arrondissement de Lille.
Des troupes belges ont été envoyées dans la Flandre occidentale pour y former un cordon sanitaire entre Werrvicq et le hameau de l'Abbeele. Article du "petit journal".

1877 : De nouveau, pendant cet hiver, la misère est très grande dans le Cambrésis, spécialement à Villers, la disette est navrante dans la localité... Sur les chemins, on rencontre des groupes de mendiants.

1880, le 17 août, la Compagnie des chemins de fer du Cambrésis obtient la concession de la ligne Cambrai - Catillon. C'est dès 1878 que ce projet est à l'étude, car le 25 février 1878, le conseil municipal est sollicité pour un concours moral et financier de la commune afin d'établir cette voie férrée. Il lui est demandé alors une participation de 8 000 francs or, ce qui est accepté, vue les services incontestables que cela peut rendre à Villers qui souffre d'un manque de travail. La Société Sucrière (ancienne fabrique) s'engage de son côté à payer la somme de 2 000 francs, sous réserve que cette voie ferrée passe le plus près possible de l'usine. Le 10 août 1879, la Compagnie sollicite à nouveau la participation de la commune et la somme passe de 8 000 à 14 000 francs. En 1882, le Conseil Municipal ne veut verser cette somme que lorsque les travaux seront réalisés à Villers.

1882 : lois du 26 septembre ayant pour objet la déclaration d'utilité publique du chemin de fer d'intérêt local ont été votées.
Dans le département de l'Aisne, un chemin de fer à voie de un mètre de largeur, partant de la limite du département du Nord vers Villers-Outréau, à l'extrémité de la ligne projetée dans ce département, de Denain à la limite du département de l'Aisne, passant par Aubencheul-au-Bois et se terminant au Catelet. Les expropriations devront être accomplies dans un délai de trois ans, à dater de l'approbation du projet de tracé définitif. Le petit train du Cambrésis va voir le jour ! Extrait du journal officiel

1882 : 30 avril, M. Edmond Leduc, Maire, dans une réunion du conseil municipal, présente à l'assemblée une étude des plans et devis pour la construction d'une Mairie : coût des travaux : 1 239 francs or et 86 centimes. Considérant que la construction d'une mairie est de la plus grande nécessité, que le Conseil tient des séances dans un local peu approprié à ce sujet et n'appartenant pas à la commune (au 13 de la rue Gambetta). Le Conseil approuve lesdits travaux.

1882 : 18 décembre, délibération du Conseil Municipal sur l'emplacement de la mairie projetée dont les plans sont approuvés par M. le préfet. Le Conseil décide que le bâtiment serait sur le terrain dépendant de la place publique, situé sur la route de Caudry à Aubencheul aux bois. La mairie devait être construite, rue Pasteur, à l'emplacement de l'école publique actuelle, avec le bas du bâtiment comme Mairie, et le haut comme logement et une classe de chaque côté.

1884 : Le 24 janvier, Monsieur Leduc, Maire, expose au conseil municipal que les arbres plantés sur la place publique et dans le cimetière étant arrivés à leur croissance, il y aurait lieu d'en tirer un produit. Le conseil municipal, après avoir délibéré, considérant que ces arbres sont entièrement mûrs et qu'il y avait de la perte de les conserver plus longtemps, décide l'abbatage et la vente. Il prie Monsieur le préfet de bien vouloir autoriser aussitôt que possible Monsieur le Maire à procéder à l'adjudication aux enchères de ces arbres, en présence de Messieurs Jean Baptiste Quévreux et Adolphe Milhem, conseillers municipaux délégués et du Receveur municipal suivant les conditions du cahier des charges et de l'état estimatif.


la place au début du XXe siècle

 

1887 : Après de nombreuses démarches, la Compagnie de chemins de fer du Cambrésis s'engage à desservir Villers pour septembre si la subvention de 14 000 francs est versée dans les plus brefs délais. A cette date, la ligne est arrivée à Walincourt.

1887 : Avant-hier a eu lieu l'inauguration de la ligne de chemin de fer de Walincourt à Villers Outréau. A 9 h 50, un train spécial partait de Cambrai emportant MM. Cirier, conseiller général, remplaçant M. le sous-préfet Dutemple, ancien conseiller général Macaigne, ingénieur du contrôle ; Poirier, ingénieur en chef de la compagnie des chemins de fer du Cambrésis ; Christian. avoué chef du contentieux; Lacaille, ingénieur ; Degryse, agent général des expropriations, etc.
A l'arrivée à Villers-Outréau, le train officiel a été salué par l'Union musicale de Walincourt. M. Leduc, maire de Villers, et, ses adjoints ont fait aux arrivants une chaleureuse réception ; puis le cortège s'est dirigé vers l'hôtel de ville, où a eu lieu un banquet de 80 couverts.
Divers toasts ont été portés, et à 6 h et demi les invités quittaient Villers.
Article du journal "Le Gaulois" du samedi 15 octobre 1887


Passage de la ligne du train du Cambrésis. A noter les bifurcations vers l'usine à gaz et la sucrerie.

Il fallait une heure et demi pour aller à Saint Quentin et à peu près autant pour aller à Cambrai. Pour l'une ou l'autre destination, on était parti la journée. Un parcours plus ou moins sinueux à travers champs lui interdisait toute vitesse excessive.

C'est en 1955 que cessera toute activité du petit train du Cambrésis.

 

 

Sources : recherches de l'Abbé Troquenet et Bernard Bancourt

 

 

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