Villers-Outréaux... un village presque comme les autres

 

Les temps révolutionnaires (1790 - 1815)

 

Hiver 1788 - 1789 : orages et tempêtes font des dégats importants dans les récoltes. Difficultés d'approvisionnement et la disette s'installe. La mendicité est de plus en plus fréquente, les impôts royaux et seigneriaux, le fermage augmentant, il en résulte un mécontentement général. Devant les difficultés qui deviennent de plus en plus sérieuses, le roi Louis XVI décide, à la surprise générale, de convoquer l'Assemblée des Etats de toutes les provinces afin de parer aux problèmes qui se posent. De là est venue une rédaction des cahiers de doléances où chacun peut s'exprimer et exposer ses problèmes. Nous trouvons comme délégué à Villers P. François Thery (ou Thiery) J. Floris Hocquet (ou Hanquet). Pour la province du Cambrésis, les délégués de chaque village sont convoqués par le marquis d'Estourmel le 27 mars 1789 afin de procéder à l'étude et à la rédaction de ce cahier général des doléances du Cambrésis. Archives Parlementaires (p 517 à 519) et (p 519 à 523) et (p 523 à 526). Celui-ci sera porté à Paris par des délégués choisis le 14 avril 1789 dans l'église du Saint Sépulcre à Cambrai.


Liste des délégués (p12)

 

A la nouvelle de la prise de la Bastille tout le monde veut être maître. Ceux qui arborérent la cocarde tricolore assaillent les gros cultivateurs, les seigneurs, les abbayes pour enlever les provisions de céréales. Dans les villages, le peuple se proclame affranchi, exige du pain et se livre à des excès et si nos villages du Cambrésis restent relativement calme, c'est à cause de la présence des troupes.

Le 4 août 1789, l'assemblée prononce l'abolition de tous les privilèges, la lecture de ces décrets est faite au prône de la messe paroissiale et est suivie par un "Te Deum", pour la proclamation de l'égalité des citoyens.

1790 : 25 janvier, l'Assemblée de la paroisse, moitié Picardie, moitié Cambrésis se réunit sous la présidence de M. Simon Joseph Vitrant, curé, pour nommer un Maire et des officiers municipaux. Jean Claude Lamy est élu maire, il démissionne le 12 avril. Il est remplacé le 3 mai par Louis Cailliez.

La fonction de premier magistrat ne doit pas être de tout repos puisqu'en 10 ans, il y eut 8 maires qui se sont succédé. Mais le XIXe et XXe siècle seront plus calmes, en général avec des charges toujours plus lourdes.

1791 : Monsieur l'abbé Vitrant refuse de prêter serment à la constitution civile du clergé ; il doit quitter Villers. Mais le jour de son départ, il a la désagréable surprise de voir arriver pour le remplacer un de ses anciens vicaires, Monsieur l'abbé Lecerf, qui arrive comme curé constitutionnel.

Lecerf, vicaire de Villers Outréau en 1790, épouse Séraphine Desenne le 23 frimaire de l'an II. Dès le mois d'août 1791, il prétendait que les "pontifs romains" s'étaient trop longtemps écartés des "lois de la nature". Extrait de Prêtres et serments en Cambrésis (p 927). De cette union naîtra Thérèse le 21 vendemiaire de l'an III. Séraphine décède le 24 frimaire de l'an IV et Etienne le 7 nivôse de l'an III.

acte de mariage
Acte de mariage d'Etienne Lecerf et Séraphine Desenne

 

1793 : Le 6 septembre, Bouchotte (ministre de la guerre) écrivait au général Houchard (Minute, Arch. de la guerre, armée du Nord) :
«Paris, 6 septembre 1793, an 1". Au général Houchard. "Je vous prie de m'envoyer, général, par le retour de mon courrier, des nouvelles précises de la situation de l'armée du Nord et de celle des Ardennes. On débite ici que les Anglais devant Dunkerque sont environnés de l'inondation, et qu'il est difficile qu'ils se tirent aisément de la position qu'ils ont prise imprudemment. « D'un autre côté, la trouée par Solesmes, entre Cambrai et Landrecies, se trouve absolument libre, et l'ennemi pousse de gros corps de cavalerie qui, sans nul obstacle, vont ravager tout le plat pays jusqu'à Saint-Quentin. Le général Beaurgard, qui commande dans le département de l'Aisne, a chassé les ennemis de la Thiérache, et il paraît certain que la colonne de Beaulieu n'a pas pu se faire jour par la trouée de la Capelle. C'est la cavalerie qui cerne les environs de Landrecies qui a fait des pointes et commis des dégâts dans tout le plat pays. Le 3 septembre, les ennemis ont ravagé le beau pays en avant de Saint-Quentin. Ils ont emmené les bestiaux, emporté les blés, avoines, fourrages, depuis Villers-Outréau jusqu'à Bellicourt, et depuis Prémont jusqu'à Fonsomme et Fontaine-Utertre. Il faut prendre des mesures pour couvrir cette frontière, de manière qu'aucun corps ennemi ne puisse impunément franchir les lignes de notre défense et que la retraite lui soit invinciblement coupée...."
Extrait de la Correspondance générale de Carnot


Carte de Cassini 1740

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1795 : la commune de Villers, comme celle d'Aubencheul, est sommée de fournir des denrées alimentaires. C'est un nouveau temps de disette générale. On fait dans les maisons les perquisitions les plus minutieuses pour savoir ce que l'on pourrait enlever. On calcule ce que le pauvre doit manger le lendemain. En vain nos pères adressent-ils des réclamations à l'administration supérieure, suivant en cela l'exemple des Aubencheulois, rien n'est écouté ; et il faut envoyer ce qui est demandé, sauf à chercher du blé dans les environs. C'est, au reste le seul moyen d'échapper à une spoliation et à des malheurs calculés par les provocateurs de cette mesure.

De vendémiaire de l'an dixième à fructidor de l'an onzième (de septembre 1801 à août 1803), les actes d'état civils du village sont pré-imprimés. Il suffit d'ajouter les informations correspondantes. Avant et après cette période, les actes sont inscrits à la main.

1810 : le 28 avril, Napoléon 1er inaugure le canal de St Quentin et suit le canal souterrain de Riqueval à Macquincourt. Ce fut un nommé Cofignon de Pienne, qui conduit la barque impériale. Il transporte sur la rive l'impératrice Marie Louise, laquelle en descendant, glisse et met un pied dans l'eau.

Revenons sur l'histoire du soutrerrain de Riqueval. Vers 1750 : Un ingénieur militaire, nommé Devic (ou de Vicq), propose de réunir la Somme à l'Escaut en perçant un canal entre Saint-Quentin et Cambrai.
La difficulté était de traverser le plateau crayeux qui sépare les vallées de la Somme, de l'Escaut et de la Scarpe et d'alimenter le canal au bief de partage, c'est-à-dire à la ligne de partage des eaux. Ce point haut du canal (84 mètres) se situe sur la section du canal comprise entre Lesdins et Vendhuile.
Devic propose de traverser le plateau par un canal souterrain, dans l'espoir que le canal serait alimenté naturellement par les eaux d'infiltration et les eaux de la nappe phréatique. L'idée, qui parut trop ambitieuse à l'époque, fut abandonnée. En 1802 Napoléon donne l'ordre de reprendre les travaux selon les plans de Devic. Ils furent terminés en 1809, au prix du percement de deux souterrains, le « petit souterrain » long de 1 098 mètres entre Lesdins et Lehaucourt et le « grand souterrain » ou « souterrain de Riqueval », long de 5670 mètres, entre Bellenglise et Vendhuile. Ce chantier devait durer presque huit ans. La légende veut que ce soit des prisonniers de guerre et plus particulièrement des prisonniers russes qui participent à cette construction et en paient de leur vie.

Ce chantier titanesque, long de près de 6 kms, permet d’éviter la construction de plusieurs écluses. Comme le tunnel n’est pas ventilé, dès le début du XIXe siècle se pose la question du halage des bateaux qui fréquentent le canal. Le système du bateau treuil, ou toueur, est donc adopté. Dans un premier temps, celui-ci est mû par des chevaux disposés en manège sur son pont, puis une machine à vapeur est installée à son bord, avant celle d’un moteur électrique en 1910. Ce toueur – de 25 m de longueur et 5 m de largeur – est capable de remorquer 32 péniches.

Musée du touage de Riqueval

1815 : Après Waterloo, la chute de Napoléon 1er, un détachement de 175 soldats russes est cantonné pendant 3 ans à Villers Outréaux. Ce fait est confirmé par la tradition. On cite surtout la manière brutale dont on punit les soldats, installés dans un campement au bout de l'actuelle rue Galliéni.


Plan cadastral de 1806


Plan cadastral de 1811

 

Sources :

recherches de l'Abbé Troquenet restitués par Bernard Bancourt
canal de St Quentin
touage de Riqueval
carte
archives départementales du Nord
Plan cadastral Napoléonien

 

 

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